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Joseph Terrier

Joseph Terrier

1888-1977

Cheminot

 

PLM

PLM,

puis

SNCF

Mécanicien sur locomotives à vapeur.

La montre de qualité, outil indispensable du cheminot.

médaile des cheminots

Médaille des cheminots 1942




Joseph Terrier 1888-1977

"Mon pépé" mon grand-père, et mon tuteur.

Mon père par substitution.

Je suis son petit fils, et il faut préciser que j'ai presque toujours vécu chez lui, depuis ma naissance jusqu'à l'âge de 20 ans et encore plus tard. Il fut mon tuteur de 1956 jusqu'à 1961 (majorité à 21 ans).

Donc il a disposé de temps pour me raconter sa vie et m'apporter le maximum.

Il est né à Chambéry le Vieux, route du Bourget du Lac (devenue "avenue des landiers")  dans la maison de ses parents. C'était des gens modestes, son père François Terrier était venu de Moyes (près de Rumilly, Haute Savoie) pour fuir la pauvreté, il avait trouvé à Chambéry le Vieux un emploi de sacristain. Concurremment il cultivait une petite terre. En ces temps cela suffisait. Sa mère Jeannette Dumoget était originaire de La Ravoire, elle était femme au foyer comme il se devait au XIX° siècle. Ses parents eurent 2 enfants : Joseph et Joséphine, cette dernière épousa Pierre Clerc.

 Ci-dessus : Ses parents François Terrier et Jeannette Dumoget.

Maison natale de Joseph Terrier La maison de ses parents existe encore, 1116 av Landiers 73000 CHAMBERY. Elle est habité par des descendants de Joséphine Terrier (soeur de Joseph Terrier) épouse Clerc .
Cette maison très ancienne semble avoir été à l'origine un relai de chevaux ?
Elle est entièrement rénovée mais le style a été conservé.

Les parents de Joseph Terrier avaient compris un principe : le seul moyen de se faire sa place dans la société passait par le travail et l'instruction. La simple force de travail ne permettant pas une promotion.

En conséquence ils avaient poussé leur fils Joseph (mon grand-père) à passer son certificat d'étude (vers 1900). Son instituteur (original et précurseur) Charles Ferroud avait su ouvrir à ses élèves des horizons : Même quelques mots d'Anglais, et un peu de sténographie, inventée par l'instituteur, et appelée "système Vélox". Les leçons de morale laïque étaient de mise.

L'instituteur Charles Ferroud

Ferroud Charles Jean Antoine, né en 1854 à Chanaz, brevet en 1874, entrée en fonction en 1875, instituteur à Arvillard, St Michel, et Chambéry Le Vieux, retraite en 1912. Décès ?.

Joseph Terrier était d'un tempérament très calme, timide, voire effacé, extrêmement patient, mais il poursuivait sans relâche ses objectifs, quelquefois avec une lenteur qui n'était qu'apparence. Il était comme il se disait en ces temps anciens "travailleur".

Je ne l'ai jamais vu s'agiter, s'exalter, ou se passionner. Il aimait beaucoup discuter, toujours en parlant lentement, sans jamais hausser la voix. Il était curieux de tout mais sans passion aucune. Le mot "flegmatique" pourrait s'appliquer à lui. Comme la majorité des gens modestes du XIX° siècle, bien programmé par ses parents et la société de la III° république, il s'appliquait  à ses devoirs moraux inhérents à l'éducation traditionnelle rurale de cette période (famille + école laïque). Contrairement à l'esprit actuel il savait accepter et se résigner. Pour lui la société était composée de classes sociales, assez hermétiques entre elles. Il faisaient partie des "petits" et il n'était pas question d'aller "fricoter" avec des bourgeois, ou des patrons. Le changement de classe sociale était impensable.......................... Plus tard, il virera progressivement au principe de la lutte des classes sous l'influence de la C.G.T. (sympatisant communiste).

Bon débuts

Ensuite Joseph Terrier était entré au P.L.M. (Paris Lyon Méditerranée) grande société privée de chemins de fer et il avait appris le métier d'ajusteur. Sous l'influence du syndicat C.G.T. il acquit des notions politiques.

Il fit son service armé vers 1910 et fut affecté "ordonnance" d'un capitaine dans l'Anjou. L'ordonnance est un "domestique militaire" affecté au service d'un officier. Ce fut son premier contact avec la vie des "bourgeois". En même temps il tomba amoureux de la cuisinière dudit capitaine, une jeune fille de la Saône et Loire, plus exactement une Charolaise de Chauffailles Marie Fayard avec laquelle il se maria, en 1912, à l'issue de son service militaire.

 Photo de mariage en 1912

Ainsi naquit le couple Joseph Terrier Marie Fayard.

En 1913 naissait une fille Thérèse Terrier.

Il avait 26 ans déjà en 1914. Il échappa à la conscription pendant cette terrible guerre de 1914-1918, en raison de son âge, parce qu'il avait des enfants et aussi parce qu'il travaillait en emploi qualifié dans le secteur stratégique des chemins de fer (en temps de guerre on maintient le personnel qualifié des transports à son poste).

Ils s'installèrent à Chambéry le Vieux.

En 1917 naquit Roger Terrier (mon père).

Vers 1919 avec son épouse et ses deux premiers enfants Thérèse 6 ans et Roger 2 ans.

En 1920 naquit Madeleine Terrier.

Vers 1932, la famille Terrier avec ses 3 enfants.

Ils connurent l'arrivée de l'électricité puis du gaz butane en bouteilles (bombonnes).

Toujours au PLM, par la formation interne, Joseph Terrier parvint, en fin de carrière, à devenir mécanicien sur les locomotives à vapeur.

Il fit construire sa maison entre 1932 et 1936 grâce à un prêt ouvrier du PLM, remboursable en 40 ans.

Tout va pour le mieux

Sa maison neuve vers 1932.

Très bricoleur il ne se cantonnait pas à la mécanique, mais confectionnait et réparait tout ce qu'il pouvait. Avide d'instruction il lisait beaucoup.

Les enfants Terrier

Ses enfants dynamisés par ce principe paternel de la valeur de l'instruction firent des études secondaires, ses deux filles devinrent institutrices et son fils rédacteur aux assurances sociales. A cette époque, chez les Terrier, c'était une promotion sociale. Les enfants Terrier n'étaient plus des travailleurs manuels.

Thérèse Terrier, institutrice.

1936 : L'époque du Front Populaire et des congés payés. Dans la famille Terrier c'est "la belle époque". Maison, voyages, vacances, santé, salaire correct, tous les enfants en bonne santé et voguant vers la réussite.

Son fils Roger Terrier se maria en 1939 avec Maria Thomas originaire de La Motte Servolex, un fils naquit de cette union en 1940 (Michel Terrier = moi-même qui rédige ces lignes).

Son fils Roger (21 ans)  fréquente Maria Thomas (31 ans) en 1938. Ils se connurent en faisant du ski à La Féclaz, petite station locale sise au dessus de Chambéry. Ils travaillaient tous deux aux Assurances Sociales. Les Assurances Sociales sont devenues en 1946 la Sécurité Sociale (= en langage populaire "la sécu").

Enfants Terrier en 1938.

1939 : La famille Terrier et la nouvelle bru Maria Thomas épouse du fils Roger Terrier. Maria Thomas était "sténodactylo" aux Assurances Sociales.
Elle était fille d'agriculteurs pauvres, exploitants sur la commune voisine de La Motte Servolex. Elle avait su utiliser son précieux certificat d'études primaires pour parvenir à un C.A.P. de sténographe-dactylographe.

1939

Joseph Terrier, aux origines rurales, fait partie du monde des petits fonctionnaires ou apparentés :
cheminots, employés aux assurances sociales, enseignants.
L'épouse, depuis son mariage est "femme au foyer" comme il était "normal" à cette époque.


En fait leur vie est proche de celle des "ouvriers-paysans" la culture des 3000 m² et la présence d'animaux domestiques apportent un complément de salaire.

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1942

Joseph Terrier prend sa retraite à 54 ans.
Il exerce un petit emploi (temps partiel) d'aiguiseur dans une coutellerie et aussi de réparateur de parapluies.
En ces temps les couteaux, rasoirs, instruments de chirurgie et parapluies étaient aiguisés et réparés.

Et le petit fils "Michel" grandit dans cette maison.

Mariage de sa fille cadette, Madeleine Terrier, en 1947, avec Henri Perret.

La "guigne" arrive

Joseph Terrier prit sa retraite en 1942 à l'âge de 54 ans. Ses tâches étaient : cultiver sa terre pour tenter l'autarcie (superficie = un journal = presque 3000 m2) et contrecarrer au mieux les restrictions dues à la guerre 1939-1945, aider la famille de son fils Roger Terrier qui militait activement dans les FFI, gérer son petit fils (moi-même Michel Terrier), aider son épouse percluse d'arthrose progressivement invalidante.

Son fils Roger Terrier décéda en 1945, laissant une veuve et son fils unique, âgé de 4 ans 1/2. L'aide à sa belle fille désormais veuve, obligée de travailler, et l'hébergement de son petit fils se poursuivirent. Les relations entre la famille Terrier et leur belle fille Maria furent constamment excellentes.

Puis sa belle-fille Maria décéda en 1956, il devint le tuteur de son petit fils, âgé de 16 ans (C'est moi-même) qui résidait depuis toujours avec lui.

Sa fille ainée Thérèse Terrier, institutrice, atteinte de tuberculose, passa de longs séjours en sanatorium (Elle y réussit un diplôme d'infirmière) invalide elle revint vivre définitivement dans sa famille vers 1952-1955, où elle décéda, en 1960, à l'âge de 50 ans, usée par les séquelles de sa maladie.

Sa fille cadette Madeleine s'était mariée en 1947, elle exerçait sa fonction d'institutrice en Haute Tarentaise, et les contacts avec ses parents étaient peu fréquents.

Imperturbablement, sans jamais se plaindre, Joseph Terrier continua d'aider et de maintenir le noyau familial.

Son petit fils (moi-même) se maria en 1963, mais maintint un contact étroit avec le grand-père. Il habita même pendant 2 ans (1966-1968) la maison avec son épouse.

Joseph Terrier en 1963 (75 ans).

La maison en 1969.

Il cultive toujours son terrain.

Joseph Terrier et Marie Terrier (née Fayard) son épouse vers 1965. Marie Terrier invalide d'arthrose souffre d'un cancer du sein et de la maladie d'Alzheimer.

Elle est presque "grabataire".

Marie Terrier née Fayard décéda en 1966 à l'âge de 76 ans.

Un matin elle ne se réveilla pas.

Elle était totalement grabataire pendant la dernière année de vie. Elle ne quittait plus le lit. Son état nécessitait une présence et des soins constants. Et il n'y avait à la maison que Joseph Terrier et quelquefois son petit-fils.

Son décès pouvait apparaitre comme une délivrance.

Un répit pour le survivant :

Et il fait son vin. La variété de raisin s'appelait "Baco". La production était de 3 à 4 hectolitres/an. Il faisait aussi un peu de vin blanc avec la variété "Noah" interdite depuis 1930, mais si bon à boire.

Vers 1970 Joseph avait 82 ans, il assurait toujours la gestion laborieuse de sa propriété, il jouissait de toutes ses possibilités, sa santé était excellente.

82 ans, une belle période.

Nouveaux ennuis et fin de vie :

En 1974 son état de santé déclina et il intégra une maison de personnes âgées à Chambéry (Foyer Ma Joie) son petit fils (moi-même) étant le directeur de l'établissement.

86 ans, victime d'un AVC Joseph Terrier a perdu son autonomie. Sa vue est altérée, il a des troubles de l'équilibre, sa mémoire commence à faire défaut.

Il doit quitter sa maison qu'il habite depuis 42 ans.

Il va s'installer dans la maison de retraite que dirige son petit fils.

 

Dans le F1 de sa maison de retraite. Il se laisse vivre entre ses journaux, ses photos de famille. Il ne se plaint pas. Mais la perte d'autonomie progresse. Une tierce personne devient nécessaire.

 

 La perte d'autonomie progressive imposait la présence d'une gouvernante.

Un femme dévouée : Angèle BASILI.

 Chez son petit fils dans la maison de retraite.

Vivre en maison de retraite et en famille est un privilège rare. Il est heureux.

Dernière photo. Derrière lui la photo de feue sa fille ainée Thérèse Terrier et de feu son fils Roger Terrier. Ainsi que les piles de journaux qu'il ne lit plus. Il est totalement dépendant. Heureusement il est d'un caractère docile et tranquille.

Il décéda en 1977 dans sa 90ème année.

Il repose avec sa famille au cimetière de Chambéry Le Vieux.


FIN. MAJ 27 Juin 2015 (Mobile Friendly) MAJ 22/02/2019.