Le monument d'Albinus, fondateur présumé d'Arbin, reconstitué et offert à Arbin par ATRE & LOISIRS.
11 Novembre 2016
Ci-dessus. ARBIN 11 Novembre 2016 : Inauguration du monument (cénotaphe)
reconstitué, dédié à Titus Pompeius Albinus, à gauche Maurice
Clément, à droite Olivier et Carlo Appratti, Maire d'Arbin.
Les acteurs de cette reconstitution :
Maurice Clément est l'ancien dirigeant d'une entreprise arbinoise
"Âtre et Loisirs" 94 Avenue des Fusillés; 73800 Arbin, spécialisée
entre autre dans la fabrication de cheminées décoratives et
fonctionnelles.
Cette entreprise, qui est dirigée par les deux fils de Maurice Clément, Jean-Yves et Stéphane Clément, dispose des techniques numériques et de techniciens, graveurs (M. Olivier par exemple) sachant travailler la pierre ou le marbre.
Maurice Clément, qui est aussi vice-président de l'association "Amis de Montmélian et de ses Environs" a fait reconstituer, dans son ex-entreprise, ce fabuleux monument édifié dans la 2ème moitié du premier siècle avant Jésus-Christ pour représenter dans son ensemble le cénotaphe, que la fille d’Albinus fit élever à la mémoire de son père.
Jean-Yves et Stéphane Clément ont offert à la commune d'Arbin cette œuvre.
Un cénotaphe = est un monument funéraire, qui ne contient pas de corps, contrairement au mausolée. Il est élevé à la mémoire d'une personne ou d'un groupe de personnes. Sa forme rappelle celle d'un tombeau.
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A l'origine, dans l'antiquité gallo-romaine, ce monument était placé à proximité de la villa romaine d'Arbin, sise dans le quartier de Mérande.
Et puis une douzaine de siècles passèrent... ... ...
Signalé au milieu du XVIe siècle, dans le château de Montmélian, ce monument fut brisé, sans doute lors de la démolition du fort de Montmélian, vers 1706, après son siège qui se termina par la victoire de Louis XIV Roi de France qui faisait la guerre à nos Etats de Savoie.
Deux fragments de ce monuments furent retrouvés et grâce à un croquis complet et fidèle, fait sur un manuscrit par Philibert de Pingon, au XVIème siècle il devenait possible de reproduire l'original de ce cénotaphe.
Ci-dessous : Croquis de Philibert de Pingon, manuscrit du XVIème siècle, f° 155 et 224 in 4° Archivio di Stato di Torino
Bernard Rémy, spécialiste dans le domaine des inscriptions romaines a réécrit le texte qu’il a jugé le plus plausible et fidèle.
A Titus Pompeius Albinus, fils de Titus,(de la tribu )Tromentina, tribun des soldats de la 6e légion Victorieuse, sous procurateur de la province de Lusitanie1 duunwir chargé de dire le droit de la colonie Juiia Auguste Florentina de Vienne, Pompeia Sextina, fille de Titus, (a élevé ce cénotaphe)
Ce cénotaphe réalisée en pierre bleue de Savoie, dans les établissements “Atre et Loisirs" à Arbin a été placé à l’entrée de notre mairie d'Arbin.
Ci-dessus. ARBIN 11 Novembre 2016 : Inauguration du monument (cénotaphe) reconstitué, dédié à Titus Pompeius Albinus, à gauche Maurice Clément, à droite Olivier et Carlo Appratti, Maire d'Arbin.
Précisions sur Titus Pompeius Albinus.
Pour mieux comprendre l'origine de ce monument et le personnage Titus Pompeius Albinus, voici le texte de la rubrique Patrimoine de Savoie N° 13 rubrique "Epitaphe Albinus" (ce texte d'historien compétent est très légèrement modifié, quant à son vocabulaire, dans un but de vulgarisation ou de meilleure accessibilité). Des images ont été insérées à des fins pédagogiques.).
L’épitaphe retrouvée
d’un grand propriétaire foncier de la Combe
de Savoie: Titus Pompeius Albinus
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, un grand érudit savoyard, Philibert de Pingon (1525-1582), baron de Cusy et référendaire la cour d’Emmanuel-Philibert, a découvert, dans le château de Montmélian une stèle de marbre gris, avec un fronton triangulaire mouluré, décoré d’une rosace et d’un croissant de lune, où était gravée l’épitaphe de Titus Pompeius Albinus. Passionné d’inscriptions antiques, il a copié le texte suivant
T(ito) Pompeio, T(iti) filio), Tromentina, Albino,
tribuno Mil(itum) leg(gionis) 7
Victric(is) subproc(uratori)
provinc(iae) Lusitaniae,
II u(iro) i(ure) d(icundo) col(oniae) Iul(iae) Aug(ustae) Flor(entiae) V(ienensium) Pompeia T(iti) fiI(ia), Sextina
À Titus Pompeius Albinus, fils de Titus, (de la tribu) Tromentina, tribun des soldats de la sixième légion Victorieuse, sous-procurateur de la province de Lusitanie, duumvir chargé de dire le droit de la colonie Iulia Augusta Florentia de Vienne. Pompeia Sextina, fille de Titus, (a élevé ce cénotaphe)
À une date indéterminée, le monument a été brisé en vue d’un remploi. Plusieurs fragments ont disparu. deux ont été retrouvés :
Le fragment A (40 x 37 x 21 cm) en 2002, dans le Crêt, un ruisseau qui passe aux Mollettes. Il est conservé à la mairie.
Le fragment B (44 x 44 x 25 cm) vers 1930, à Coise Saint-Jean-Pied-Gauthier. Il était déposé dans la cour de l’école, il fut abondamment photographié. Depuis cette pièce archéologique a disparu ?
Croquis de Philibert de Pingon, manuscrit du XVIème siècle, f° 155 et 224 in 4° Archivio di Stato di Torino.
Ces redécouvertes confirment que Titus Pompeius Albinus portait la dénomination très complète des citoyens romains un prénom (Titus), un nom de famille ( Pompeius) et un surnom (Albinus), suivis du prénom de son père et de l’indication de sa tribu (circonscription électorale de Rome).
Très normalement, sa fille portait le nom de son père (au féminin) et un surnom (Sextina), car les femmes n’avaient pas de prénom. L’absence d’épouse laisse à penser que le défunt était veuf.
Albinus descendait probablement d’une famille d’émigrés italiens = romains (installés au 1er siècle av. J-C.), puisque la tribu Tromentina se rencontre seulement en Italie. Quoi qu’il en soit, Albinus était bien un habitant de la cité de Vienne (capitale de l'Allobrogie = pays des allobroges), où il a obtenu plusieurs fonctions électives avant de devenir duumvir (maire avec un collègue).
Allobroges et Allobrogie
Les Allobroges sont un peuple gaulois dont le territoire était
situé entre l'Isère, le Rhône et les Alpes du Nord. Ils
passaient dans l'Antiquité pour de grands guerriers.
Le territoire des Allobroges s'étendait sur la plus grande
partie des pays qui seront nommés plus tard la Sapaudia (ce «
pays des sapins » deviendra la Savoie) et au nord de l'Isère.
Ces peuplades étaient en fait un mélange de diverses tribus de
culture celtique. Elles adoptèrent Vienne comme capitale et se
fédérèrent. L'ensemble de l'Allobrogie est donc usuellement
définie comme le territoire correspondant en grande partie aux
actuels départements de la Savoie, de la Haute-Savoie et de
l'Isère.
Divers témoignages décrivent les Allobroges comme un des peuples
parmi les plus riches et les plus puissants de la Gaule, avec
une population nombreuse. Ils labouraient avec une charrue
grossière et cultivaient un froment réputé, mais aussi le seigle
et la vigne. Ils pratiquaient l'élevage et fabriquaient du
fromage, exploitaient leurs vastes forêts, et extrayaient des
minerais. Pline évoque les mines de cuivre, de fer et de plomb
argentifère de la Tarentaise. Ils contrôlaient une partie de la
vallée du Rhône (Viennois) et se trouvaient au débouché des
principales voies de franchissement des Alpes, dont des voies
internationales sur lesquelles ils pratiquaient le péage.
Les Allobroges furent longtemps des rebelles à l'autorité
romaine et la conquête du territoire des Allobroges par les
Romains se fit en plusieurs étapes entre -122 et -60 (av.
J.-C.).
Devenus Viennois à l'époque romaine, les Allobroges peuplèrent
la colonie de Vienne, qui fut une des villes les plus fastueuses
de l'Occident romain25. De riches familles patriciennes romaines
vinrent s'établir dans ce nouveau territoire romain et le pays
se couvrit de villas couvertes en tuiles, de camps romains, de
temples aux colonnes de marbre, de routes pavées sillonnées par
les chars, de ponts de pierre, de monuments.
Sous l'influence de la civilisation romaine, la langue celtique
disparut peu à peu et fut remplacée par le latin populaire que
parlaient les marchands et les soldats romains.
Vers la fin de l’empire romain, au IVe siècle, le vieux pays des
Allobroges, commença à s’appeler Sapaudia (pays des sapins),
d’où ont dérivé les noms de Sabaudia, puis Savogia, Savoye, puis
enfin Savoie.
Au Ve siècle, la province de Vienne et la Sapaudia subit, comme
le reste de la Gaule, la pression puis l’invasion des grandes
tribus Barbares, en commençant par les Burgondes.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Allobroges
Puis l’empereur lui fit l’honneur très recherché de le recruter comme haut fonctionnaire dans le second ordre de l’État.
Albinus était donc un homme riche, puisqu’il fallait posséder une fortune d’au moins 400000 sesterces (euros) pour prétendre accéder à l’ordre équestre.
L'ordre équestre = la classe des chevaliers : Sous le règne d'Auguste, la classe des chevaliers devient une noblesse de fonctionnaires (commandement de la garde prétorienne, préfets, fonctionnaires divers). Ils sont officiers dans l'armée, peuvent commander en chef les troupes auxiliaires.
source :
http://voyagesenduo.com/italie/rome_antique_armee_romaine.html
D’abord tribun angusticlave (= grade militaire = Tunique munie de haut en bas de deux étroites bandes de pourpre parallèles, et réservée aux chevaliers romains.) d’une légion stationnée clans le nord-ouest de l’Espagne (adjoint du légat, chef de corps), il fut ensuite sous-procurateur (= administrateur financier) de la province de Lusitanie (Portugal), sous les ordres de Titus Decidius Domitianus, qui pourrait être lui aussi un Viennois d’origine italienne (= romaine).
Albinus est mort en charge à Mérida, à la fin du règne de Néron ( Néron : 13 octobre 54 - 8 juin 68; 14 ans) et il a été enterré sur place. Le texte d'Arbin a donc été gravé sur le cénotaphe qui lui avait été élevé sur le domaine (sans doute imposant) qu’il possédait dans la Combe de Savoie. Le nom du village d’Arbin pourrait venir du nom Albinus qui pourrait avoir été le propriétaire de la villa de Mérande.
Mérida la romaine. Fondée sous le nom « Augusta Merita » en 25 avant JC par Auguste, Mérida est actuellement la Capitale de l'Estrémadure, une des 17 communautés autonomes d'Espagne.Mérida représente une des réalisations majeures du génie architectural de la civilisation Romaine en Espagne. La cité « d'Emerita Augusta », capitale de la province Romaine de Lusitanie, a été érigée afin d'accueillir les vétérans de 2 légions romaines. C'était une cité animée, un important centre militaire, juridique, économique et culturel. Mérida a été classée en 1993 au Patrimoine de l'Unesco. Elle compte de nombreux vestiges Romains et son Musée National d'Art Romain a été inauguré en 1986.
La rosace, antique emblème solaire, et le croissant de lune décorant le fronton de la stèle, étaient deux symboles exprimant l’espoir d’une survie dans l’au-delà céleste et l’attente d’une immortalité astrale.
Selon un texte original de Bernard Rémy.
Professeur et spécialiste des inscriptions romaines
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Une autre info :
Source : Les inscriptions de la vallée de l'Isère, depuis le
col du Petit-Saint ...
theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/1998/rochas_g/.../rochas_g_chapitre10.pdf
Les Pompeii étaient solidement implantés dans la vallée de
l'Isère et dans la cité de Vienne.
Le plus célèbre de la famille des Pompeii est Titus Pompeius
Albinus. Une inscription provenant d'Arbin retrace sa carrière...
Ce Viennois, (Pompeius Albinus) après avoir parcouru une carrière
municipale complète dans sa cité, a reçu le cheval public (= nommé
chevalier). Il
commence sa carrière équestre en tant que tribun de légion dans la
péninsule ibérique, adjoint du procurateur de Lusitanie, il meurt en
charge à Mérida, pendant le règne de Néron.
Il est probable que cette inscription était gravée sur le cénotaphe
élevé sur le domaine qu'il possédait
dans la région d'Arbin. Il fait partie des rares Italo-romains qui
venaient s'installer dans les campagnes de la région, et qui étaient
des fonctionnaires ou des commerçants venus s'installer librement.
II n'était pas d'origine allobroge, mais était devenu propriétaire
en Combe de Savoie. Il avait intégré les
élites locales.
Lorsqu'il était en Espagne, T. Pompeius Albinus faisait carrière
sous les ordres de T. Decidius Domitianus, procurateur des provinces
d'Espagne Ultérieure et de Lusitanie. Or, on connait un chevalier,
Sextus Decidius, cité dans une inscription de la Combe de Savoie, à
Notre-Dame-des-Millières et dans une autre inscription.
Ces deux personnages, T. Pompeius Albinus et Sextus Decidius, présents dans la vallée de l'Isère, l'un d'origine italienne, l'autre peut-être originaire de la région, se connaissent, ont peut-être des alliances familiales qui ont pour conséquence de faire servir T. Pompeius Albinus en Espagne, sous les ordres de T. Decidius Domitianus.
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Rédigé le 15 Avril 2017.