Voyage au cœur de l'administration

La préfecture de la Savoie (2008)

N.B.: Les photographies proviennent de Wikimedia Commons.

Récit de 2008.

La semaine passée, mardi 23 Septembre 2008, j'avais une démarche à faire à la préfecture de Chambéry. Je devais retrouver une archive très ancienne concernant une handicapée qui aspirait à faire valoir ses droits à la retraite. Et pour cela il fallait prouver qu'elle était en invalidité depuis 1970 au moins. Or la préfecture lui avait délivré en 1967 une carte d'invalidité. Il fallait que je retrouve les traces de ce document. Mais je ne savais pas à quel bureau m'adresser. J'étais en mission exploratoire.

J'avais ôté jean et vêtements sport et j'avais mis un costume noir, une chemise unie à manches longues, une cravate. Bref ! J'étais habillé dans le style officiel, genre cadre administratif supérieur. Je n'avais pas oublié de mettre une bague, ainsi qu'une broche de cravate. En revanche je ne m'étais pas rasé car je sais que même si l'on est bien vêtu il faut quand même un défaut pour ne pas paraitre "trop poli, ou trop bien mis, pour être honnête".

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J'arrive à la préfecture par le côté église Saint Pierre de Maché, porte fermée et cadenassée. ZUT ! J'avais oublié le plan Vigipirate.

L'église Saint Pierre de Maché. Aquarelle du peintre Roger TERRIER 1917-1945.

Je contourne le château et j'arrive par la porte sise place du château.
La porte du Château des Ducs de Savoie à Chambéry. Aquarelle du peintre Roger TERRIER 1917-1945.

La porte du Château des Ducs de Savoie à Chambéry. Photographie Wikimedia Commons.

Derrière la grille fermée 3 policiers veillent. Une personne arrive de l'intérieur et se fait ouvrir pour sortir, je profite de l'occasion et j'entre "Monsieur où allez-vous ?" demande un policier.

"Je suis attendu au secrétariat général" répondis-je d'un air très assuré.

"C'est bon passez" dit le policier.

Je n'étais attendu nulle part, mais me voila dans la préfecture.

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La cour intérieure de la Préfecture de la Savoie. Photographie Wikimedia Commons.

Depuis la cour intérieure, je me dirige vers le centre, secteur du préfet, pour commencer par le secrétariat général.

J'entre, le hall est magnifique, mais à l'accueil il n'y a personne. Je m'engage dans un couloir, je frappe à différents portes, personne ne répond, j'entrebâille les portes, des ordinateurs tournent mais ces bureaux sont désespérément vides.

Enfin au bout du couloir je vois par une porte entr'ouverte un homme à son bureau. Je lui indique que je suis perdu et que je cherche le secrétariat général. Il m'indique le fond du couloir dont je viens. J'y retourne et il n'y a toujours personne.

Un escalier majestueux, avec marches en velours rouge m'invite. Je le prends et je monte à l'étage supérieur.

Un grand palier, mais toujours personne.

Je pousse une porte et je me retrouve dans un salon immense et magnifique. Tout est beau. Je traverse ce salon et je me retrouve dans un autre salon jaune tout aussi beau. Mais aucune âme qui vive.

Le salon jaune.  Photographie Wikimedia Commons.

  Le 14 juin 1860, en ces lieux, la Savoie fut officiellement remise à la France. Les plénipotentiaires français et sardes signèrent le « procès-verbal de la remise du territoire formant la province de Savoie » à la France, dans ce « salon jaune » du château de Chambéry, l’ancienne demeure des ducs de Savoie.  Photographie Wikimedia Commons.

Cette fois je prends une porte et là je suis dans une chambre à coucher royale, toute de couleur jaune. Un magnifique lit avec baldaquin attend un royal visiteur.

Je suis certain que si le Président de la République visite Chambéry il couchera ici.

Je traverse cette chambre et me voila à nouveau dans un salon toujours très beau. Je remarque une cireuse inactive qui attend le technicien (ou une technicienne) de surface.

Je continue mon périple par un couloir et me voila dans une cuisine de collectivité ou d'hôtel. Je comprends instantanément que ce lieu est équipé pour les réceptions.

Et jamais je n'ai vu quiconque pour me renseigner. Un désert...

Je regrette sincèrement de n'avoir point pris mon appareil photo.

Je ressorts dans la cour et je dirige vers une porte modeste, j'arrive dans un bureau. Un homme vêtu d'un costume gris et portant cravate me reçoit aimablement. Je lui explique mes explorations. Il est étonné et me dit "C'est le salon jaune, comment se fait-il qu'il soit ouvert ?". Il me conduit à sa collègue du bureau d'en face et ces 2 personnes aimables tentent de me renseigner. Je demande à ces fonctionnaires quelles sont leur attributions, l'homme est le chauffeur et la femme la préposée au courrier.

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Maintenant que je suis renseigné j'arrive, toujours dans cette même préfecture au hall d'accueil du conseil général. Une femme, parfaitement aimable et dévouée, est là. Je lui explique mon problème. Elle passe des coups de téléphone pour trouver une solution à mes questions et m'indique que je dois ressortir et aller en ville dans une annexe du conseil général.

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Je suis allé à l'adresse indiquée, j'ai été très bien reçu. Et un commencement de solution m'est apparu.

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Que conclure ?

Certains salons d'honneur et chambre de la préfecture méritent la visite.

Tous les fonctionnaires que je rencontrai furent d'une amabilité et d'un dévouement qui méritent d'être signalé.

J'ai obtenu des renseignements, mais pas la pièce d'archive que je recherchais. 2 semaines plus tard je continue mon périple de bureau en bureau, l'administration française ??? Vous savez.

Quant' au plan Vigipirate ? Mystère ! Je suis entré en des lieux magnifiques lesquels manifestement n'étaient pas ouverts au public.


Rédigé le 06/02/2019.